Des doigts en or pour évoquer l’art de l’enluminure
Martine CONNAY – Granges le Roi
Le nom d’enluminure est aujourd’hui donné au décor des manuscrits de préférence à celui de miniature. Ce second terme fut d’abord réservé aux lettrines peintes puis, par extension, à toute l’ornementation des manuscrits écrits sur parchemin. Du latin illuminare, il signifie rendre lumineux, mettre un texte en lumière à l’aide de décors peints et dorés : lettrines, miniatures, bordures.
L’histoire de l’enluminure remonte au tout début du Moyen Age, époque de la naissance du livre sous la forme que nous lui connaissons aujourd’hui. Dans tous les pays le besoin les illustrer se développe, ces manuscrits enluminés outre leur valeur artistique sont des exemples précieux du degré de raffinement d’une époque ainsi que des témoignages inestimables sur la vie quotidienne d’une société.
On distingue de très nombreux types d’enluminures : scènes figurées, pleines pages, dessins en marge, bordures décoratives, frontispices, créatures plus ou moins monstrueuses et comiques appelées « grotesques » ou « drôleries ».
Plus tard, vers le XIIIème siècle, les universités se développent et créent un énorme besoin d’ouvrages. Pour assouvir cette demande de plus en plus forte, la fabrication des manuscrits se démocratise et à la fin du XVème siècle l’invention de l’imprimerie acheva le temps des livres construits, écrits et peints par la main de l’homme. Sans renier cette découverte primordiale qui facilita l’accès de l’alphabétisation au plus grand nombre, on notera seulement qu’elle porta un coup fatal à l’artisanat de l’enluminure, emportant avec elle le savoir-faire que les anciens avaient mis des années à établir
À l’heure du livre numérique, évoquer l’art de l’enluminure peut paraître anachronique. Pourtant cet art qui excella à l’époque médiéval n’en reste pas moins fascinant et prête à penser que quelque soit le support d’un texte, celui-ci ne pourrait se départir d’un travail d’ornementation et d’embellissement. Aujourd’hui, des passionnés perpétuent cet art et s’appliquent à retrouver et à transmettre les techniques traditionnelles des enlumineurs… Martine Connay, artiste aux doigts en or fait parti de ceux-ci. Respectant les techniques médiévales, elle parle de l’art qu’elle pratique : l’enluminure.
Aux visiteurs, elle explique comment elle travaille le parchemin, le ponce, prépare le dessin, pose la colle, la feuille d’or, les couleurs de fond… Toutes ses enluminures sont réalisées sur parchemin (chèvre ou chevreau), la feuille d’or 22 carats est posée sur gomme ammoniaque ou sur une assiette à dorer ou plus rarement sur une colle contemporaine, les pigments sont liés à base de gomme arabique.
Il faut compter en moyenne entre 30 et 40 heures de travail pour réaliser une belle miniature, mais, suivant la taille de l’œuvre, le style, les détails et les finitions, 80 à 90 heures peuvent être nécessaires